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Jeudi 24 avril 2014, Commémorations autour du génocide arménien

A l’occasion du 99e anniversaire du commencement du génocide arménien, le jeudi 24 avril 2014, des rassemblements partout en France seront organisés pour ce qui fut le premier génocide de l’histoire du XXe siècle.

Douloureuse date pour la communauté arménienne qu’est celle du 24 avril 1915… Elle est le symbole du commencement d’un génocide qui fera plus de 1,2 millions de morts, soit les 2/3 de la population arménienne présente sur le territoire de ce qui est la Turquie aujourd’hui. Ce jour-là, l’Empire Ottoman arrête 300 intellectuels à Constantinople (l’actuelle ville d’Istanbul) pour la seule raison qu’ils étaient arméniens. Après leur déportation, la plupart d’entre eux périssent. Débute alors une longue période de plus d’un an (entre avril 1915 et juillet 1916) où déportations de masse et massacres en série se multiplient.

Pour célébrer le Medz Eghem (le « Grand Désastre » en arménien), des rassemblements auront bien évidemment lieu à Erevan, la capitale arménienne, mais aussi dans différentes villes de France dont Paris et Marseille, où la diaspora arménienne est la plus importante. Dans la capitale française, une cérémonie se déroulera à la Mairie de Paris à 11 heures, puis suivront une messe à l’Eglise apostolique arménienne rue Goujon et une cérémonie à l’Arc de Triomphe. Ces célébrations se clôtureront par un rassemblement devant la statue du père Komitas. A Marseille, la commémoration commencera dès 9h30 avec une messe à l’Eglise Apostolique Arménienne de Beaumont. Dans la journée une succession de rassemblements seront par la suite organisés, dont un discours devant le consulat de Turquie à 18 heures.

Pourquoi parler du 99e anniversaire du génocide au lieu de ne pas attendre l’an prochain pour aborder le centenaire ? La réponse tient peut être dans le fait que cet anniversaire est source de tensions, notamment de la part du gouvernement turc qui refuse de reconnaître le génocide.

Un refus de la reconnaissance de la part de la Turquie

Malgré les années qui passent, le négationnisme de la Turquie concernant le génocide arménien continue à faire débat, la communauté internationale restant divisée sur le sujet. Cependant, des rassemblements seront organisés en Turquie, sous le signe de la vérité et de la justice, contre l’avis de l’Etat turc. Malgré tout, il sera d’autant plus difficile pour un Arménien ou pour un Turc de célébrer le 24 avril, que celui-ci intervient au lendemain de la fête de la souveraineté nationale turque et de la fête des enfants.

Selon le Courrier International, Agos, un hebdomadaire turco-arménien d’Istanbul, s’inquiète notamment par rapport à des sursauts nationalistes turcs qui se font plus insistants au fur et à mesure que l’anniversaire du centenaire approche. Toute reconnaissance du génocide arménien résulte en une condamnation du gouvernement turc. Les manifestations anti-arméniennes semblent se multiplier, les préparatifs en terme de propagande en vue de 2015 se renforcent, les conférences sur le « mensonge de 1915 » données dans les écoles se font plus prégnantes. Dernièrement, selon les représentants de la communauté arménienne, plusieurs milliers de djihadistes, soutenus par le gouvernement turc, auraient commis des crimes contre la population arménienne à Kessab, dans une petite ville située à la frontière turco-syrienne.

De ce fait, présenté par l’Etat turc comme une conséquence de guerre et non comme un acte volontaire et organisé, il a été néanmoins prouvé que le génocide arménien avait été planifié d’avance par le comité Union et Progrès, connu sous le nom de « Jeunes Turcs », qui dirigeait à l’époque l’Empire Ottoman. Les opérations de déportations et  de massacres avaient notamment été préparées et organisées depuis Constantinople.

Une reconnaissance internationale en cours

La reconnaissance mondiale fait elle aussi encore l’objet de désaccords et controverses à cause du négationnisme présent en Turquie.  Seule une vingtaine de pays ont reconnu l’existence du génocide, dont le Parlement français dans une loi du 29 janvier 2001. Certains Etats, comme le Royaume-Uni, refusent de qualifier de génocide les massacres perpétrés contre les Arméniens.

Concernant le cas de la France, le 23 janvier 2012, le Sénat français avait adopté le texte voté par l’Assemblée nationale en décembre 2011 prévoyant de sanctionner toute négation du génocide arménien par une peine d’un an d’emprisonnement et/ou par une amende de 45 000 euros. Le 28 février 2012, le Conseil Constitutionnel avait jugé la loi contraire à la Constitution sur deux fondements: celui de la liberté d’expression présent à l’article 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, et celui de la légalité des délits et des peines présent à l’article 8 de cette même déclaration. Néanmoins, ce rejet n’avait pas remis en cause la loi votée en 2001 et la loi Gayssot de 1990 qui réprime la négation de la Shoah.

Ainsi, le 99e anniversaire du génocide arménien ne parait pas prendre la voie de l’apaisement. Il est permis d’envisager que les tensions accumulées entre les deux pays vont compliquer la célébration du Centenaire. En effet, l’Etat turc ne semble pas encore prêt à reconnaître l’existence de faits qu’il considère comme de simples erreurs du passé.

Crédits photo à la une :

– Le président arménien, Serge Sarksyan, assiste à une cérémonie de commémoration du 95e anniversaire du génocide arménien, à Yerevan, le 24 avril 2010. AFP PHOTO / PANARMENIAN PHOTO / DAVIT HAKOBYAN

A voir aussi:

– Les condoléances du Premier ministre turc « aux petits-enfants des Arméniens tués en 1915 » : sincérité ou stratégie politique ?

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