Selon une étude menée sur des adolescents d’Isère, les auteurs de violences envers les animaux ont des convictions spécistes plus marquées et sont victimes de fragilités psychologiques
Ce mercredi 26 août, c’est la journée mondiale du meilleur ami de l’homme, le chien. Un événement pour marquer le lien qui unît les hommes et les chiens depuis toujours. Et même si la cause animale semble de plus en plus défendue par les Français, les actes de cruauté envers les animaux sont encore d’actualité à l’image du nombre grandissant de chevaux mutilés ces derniers mois. Selon une étude qui sera publiée aux États-Unis dans le Journal of Interpersonal Violence, les actes de cruauté envers les animaux sont commis par des personnes aux convictions spécistes et avec des fragilités psychologiques. Menée sur 12 344 adolescents âgés de 13 à 18 ans par le professeur de psychologie sociale Laurent Bègue, cette étude est une des premières du genre en France.
Qu’est ce que le spécisme ?
Le spécisme est une croyance humaine selon laquelle une espèce est plus importante qu’une autre. La pensée spéciste implique de considérer les animaux non-humains qui ont leurs propres désirs, besoins, et vies complexes comme des moyens d’atteindre des fins humaines. Ainsi, la personnes aux pensées spécistes pensent que certains animaux sont inférieurs à des humains ou à d’autres animaux. Par exemple, la vie d’un chien peut être considérée comme plus importante ou précieuse que celle d’un cochon ou d’une vache par exemple. Cette croyance fait que la plupart des humains ne supporteraient pas que l’on traite leur chien de la façon dont les cochons sont traités dans l’industrie agroalimentaire, même si ces derniers sont capables de ressentir les mêmes sentiments de douleurs, de joies, de peurs ou de chagrins. Dans son livre révolutionnaire Animal Liberation, le philosophe Peter Singer défini le spécisme comme « un préjugé ou une attitude partiale en faveur des intérêts des membres de sa propre espèce et contre ceux des membres d’autres espèces ».
» La vie d’un être humain a-t-elle plus de valeur que celle d’un animal ? «
C’est la question posée aux adolescents par Laurent Bègue lors de son étude. Les auteurs de violences envers les animaux au sein des adolescents ont adhéré majoritairement à cette question. Sur ces 12 344 adolescents, 7,3 % ont révélé avoir déjà fait du mal à un animal. Ces actes de violences se sont produits une fois seulement pour 44 % des adolescents, 14,7% à deux reprises et 41,3% trois fois ou plus. Les animaux sur lesquels les adolescents ont commis des violences sont surtout des chats (22,5 % des réponses) et des chiens (13,9 %). Les poissons (6,4 %), les rongeurs (8,2 %) et d’autres animaux (37,3 %) viennent ensuite.
Dans son étude « Expliquer les violences animalières chez les adolescents : le rôle du spécisme », le chercheur explique que « la représentation de la valeur des animaux par rapport aux humains est prédictive des actes commis, ce qui est une observation vraiment nouvelle. L’on se tromperait en concevant uniquement la cruauté envers les animaux comme une pathologie individuelle : des représentations collectives sont également impliquées » affirme le professeur de psychologie sociale Laurent Bègue (Université de Grenoble-Alpes). L’étude démontre que dans 54,9 % des cas, l’adolescent était seul, dans 25 % des cas il était accompagné d’une autre personne et puis dans 20,1 % des cas ils étaient trois ou plus lors des violences sur l’animal.
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Des fragilités psychologiques
L’étude démontre aussi qu’en plus d’une vision spéciste, les auteurs de violences sur les animaux auraient des problèmes psychologiques. Ce constat vient confirmer ce que d’autres études anglo-saxonnes avaient déjà montré à savoir, qu’un certain nombre de fragilités psychologiques sont constatées chez les auteurs d’actes de cruauté. Selon le chercheur : « ils sont en moyenne plus touchés par des tendances anxieuses et dépressives, sont moins socialisés et attachés à leurs parents, à leurs amis, au monde scolaire, et se montrent également enclins à d’autres déviances (harcèlement, ébriété) », résume Laurent Bègue. Si ces troubles psychologiques ne sont pas une surprise, c’est la première fois selon le professeur que ses recherches permettent d’établir un lien avec le spécisme. À noter que de nombreux mouvements antispéciste de plus en radicaux sont nées comme le mouvement PETA. Une journée de la fin du spécisme se déroule également chaque année, exigeant le droit pour les animaux de vivre sans être exploités.
Crédit photo : Seconde Chance