À quelques heures de l’ouverture du Festival de Cannes 2024, la tension monte parmi les invités. La rumeur enfle sur la diffusion d’une liste de personnalités mises en cause dans des affaires de violences sexuelles et qui pourrait être dévoilée dès la montée des marches.
La rumeur a commencé sur les réseaux sociaux et n’annonce rien de bon pour le Festival de Cannes qui commence aujourd’hui. Une liste contenant dix noms de plusieurs figures du cinéma pourrait être dévoilée dès l’ouverture du Festival. De quoi faire trembler la présidence du festival, alors que le #Metoo du cinéma fait parler ces derniers mois, après la garde à vue de Gérard Depardieu et la prise de parole de Judith Godrèche, qui a porté plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon.
Pour ne rien arranger, la magazine Elle a publié ce lundi 13 mai, les témoignages de neuf femmes accusant le producteur Alain Sarde, de viols, harcèlement et agressions sexuelles.
#MeToo Cinéma : une liste de 10 personnalités ?
Selon la rumeur qui circule depuis quelques jours, cette liste qui retient en haleine le monde du cinéma contiendrait dix noms. Dans son enquête publiée le 5 mai, Le Figaro indique que les noms qui y figurent sont accusés « d’agressions sexuelles ». Ces noms seraient ceux d’acteurs, réalisateurs et producteurs.
Si aucun noms n’a été dévoilé, selon Le Figaro des « trentenaires » et « quadragénaires » figurent sur la liste. Il s’agirait exclusivement d’hommes. Pour se préparer à une éventuelle crise, la direction du Festival a déjà fait appel au services de l’agence de communication Image 7, dirigée par Anne Méaux. Le but est de préparer « les différents scénarios en cas de révélations sérieuses ». Si un scandale venait à éclater par rapport à une personne, la présidente du festival, Iris Knobloch, a affirmé le 9 mai à Paris Match qu’ils « veilleront à prendre la bonne décision au cas par cas« .
Ainsi, le Festival de Cannes prévoit déjà de ne pas nécessairement maintenir un film si son réalisateur est incriminé. « Selon le degré de l’accusation, un film ne sera pas forcément maintenu en compétition« , indique Le Figaro. Les personnalités visées ne monteront pas non plus les marches sur le prestigieux tapis rouge. Cependant, l’œuvre sera tout de même évoquée, pour ne pas pénaliser toutes les personnes y ayant travaillé.
Les organisateurs ne semblent pas vouloir reproduire les erreurs du passé avec l’affaire Weinstein. Les accusations de viols et d’agressions à l’encontre du producteur ne furent ainsi pas évoquée lors de la soirée d’ouverture de Cannes, en 2018. De là, la parole autour des viols et agressions sexuelles dans le monde du cinéma s’est libérée. Au regard des dernière accusations portées par Judith Godrèche, qui ont secoué le milieu cinématographique, cette dernière a été accusée d’être à l’origine de cette liste.
« Non je ne fais pas de listes »
La prise de parole de Judith Godrèche en début d’année a fait d’elle une figure de proue du mouvement #MeToo dans le cinéma français. En février 2024, l’actrice dépose plainte pour viol sur mineure contre les cinéastes Benoît Jacquot et Jacques Doillon. On l’a soupçonne alors d’avoir écrit cette liste.
La semaine dernière, l’actrice de 52 ans s’est exprimée sur son compte Instagram pour répondre aux soupçons.
Dans ce post, l’actrice relate « Non, je ne fais pas de listes (…) J’ai entendu ces rumeurs, mais les propager n’a rien à voir avec mon engagement et ne devrait avoir aucun rapport avec le métier de journaliste. C’est pour moi le symptômes d’une forme de panique. Mais c’est aussi une manière de faire passer des victimes pour des corbeaux, et de confondre accusations et délation« . Judith Godrèche est attendue mercredi à Cannes où elle présentera un court-métrage sur les violences sexuelles, appelé Moi aussi. Un film réalisé avec le témoignage d’un millier de victimes ayant répondu à son appel lancé sur les réseaux sociaux, le 10 février dernier.
« Je ne sais pas d’où vient cette rumeur de liste, mais elle est infondée », déclare Marine Turchi, journaliste spécialiste des violences sexuelles à Mediapart. Dans une réponse accordée au Parisien le 11 mai, elle affirme que « Mediapart ne publie pas de liste, mais des enquêtes, longues, étayées et respectueuse du contradictoire » . La cofondatrice de l’association #MeTooMedia, Muriel Réus évoque que « des enquêtes journalistiques sont en cours, mais je ne crois pas à une liste« . Aucune enquête journalistique n’a pour le moment confirmé cette rumeur de liste.