Présentée en compétition à Séries Mania, Syndrome E arrive cet été sur Salto avant une diffusion à la rentrée sur TF1. On vous dit si on aime ou pas !
C’est Syndrome E ? Lui, c’est Franck Sharko, un flic bourru au bout du rouleau. Elle, c’est Lucie Henebelle, lieutenant de la BAC obsédée par le mal. Sharko et Lucie enquêtent sur des expérimentations et des programmes scientifiques top secret. Et si nos pires cauchemars sur la science du XXIe siècle devenaient réels ? Une adaptation du best-seller de Franck Thilliez.
Syndrome E est l’adaptation en série du roman éponyme de Franck Thilliez par Matthieu Missoffe, le génial créateur de la série Zone Blanche (France 2). Si le roman marque la 3ème apparition des personnages emblématiques de Sharko et Henebelle, la série sert elle à les présenter et les faire se rencontrer dans une origin story de leur duo. Le roman est lui sorti en 2010, il comporte même une suite intitulée Gataca.
Cette série réunit un peu le combo parfait de plusieurs talents pour donner le meilleur de la fiction, ici à concept fort : un auteur, Franck Thilliez, qui aime les polars forts et originaux ; un créateur et scénariste surdoué Mathieu Missoffe qui aime les univers singuliers et originaux ; une réalisatrice, Laure de Butler, sans doute l’une des plus douées de sa génération qui a su imposer en peu de fictions une signature originale qui fait de ses séries des œuvres à part, une nouvelle reine du polar ; une productrice Sophie Revil qui aime les défis impossibles a priori (en réussissant à réinventer l’univers d’Agatha Christie par exemple) ; une responsable de la fiction à TF1, Anne Viau (et ses équipes) qui a plus que démontré sa proportion à aimer et savoir prendre des risques ; et enfin un casting 5 étoiles où chaque rôle ne semble pas « venir se montrer« , comme un guest un peu trop prestigieux mais a été parfaitement casté pour venir compléter le puzzle global, à commencer par un Vincent Elbaz à contre emploi et absolument magistral dans l’incarnation qu’il donne de Sharko. Tous les faisceaux sont donc parfaitement alignés pour offrir une fiction originale, loin des traditionnels polars que la télévision française nous offre.
Mélangeant les références (comme Ring, 8mm ou les histoires des maîtres du genre comme Stephen King aux Etats-Unis ou même Jean-Christophe Grangé en France), Syndrome E plonge le spectateur dès les premières minutes dans une histoire aux multiples ramifications encore insoupçonnées à ce stade. Comme dans une lessiveuse, elle le prend, le retourne dans tous les sens, passant d’images chocs à la description de personnages fascinants et prenants.
Si d’ordinaire la fiction aime à proposer un binôme équilibré entre le héros « border » et son / sa partenaire « stable », Syndrome E elle propose deux héros totalement perdus, à la limite de la « cassure » dont Sharko bouleversant dans la manière de gérer son deuil. La réalisation soignée et vivante ne ménage jamais les images chocs et graphiques à l’image « des yeux qui saignent de Henebelle » pour mieux saisir le spectateur. A mesure que l’intrigue évolue au fil des 6 épisodes, on se retrouve happé par une écriture maline qui alterne à tour de rôle le « personnage point de vue », un coup Sharko, un coup Henebelle, comme pour mieux souligner que c’est une histoire à 2 héros, mais qui proviennent de deux univers au départ différents. Chaque épisode nous réserve son lot de rebondissements, de scènes d’action parfaitement réalisée dans la plus tradition des séries américaines du même style. C’est réussi, ça fonctionne du début à la fin, même si on regrette sans doute 1 ou 2 épisodes de plus pour mieux soigner une fin qu’on sent un peu trop expédiée au regard des enjeux proposés (et encore en jeu en fin d’épisode 6). Plus d’épisodes auraient sans doute permis de plus étoffer aussi des personnages comme Moreau père et fille trop peu exploités malgré un fort potentiel.
Dans ce tourbillon de genre, la série se garde quelques espaces d’émotion à l’image de cette très belle dernière scène dans l’épisode 6 entre Sharko et sa fille, l’occasion de souligner l’excellente prestation de Célia Lebrument (Eugénie) qui passe durant cette saison par toute une palette d’émotions différentes, bien difficiles à incarner, et encore plus quand on interagit qu’avec un seul personnage, dans le cas présent Sharko.
Si le visionnage des 2 premiers épisodes de Syndrome E à Séries nous avait déjà convaincu, la série participe (comme en son temps La promesse) à la forte montée en puissance des séries de TF1, efficaces, rythmées, prenantes, modernes. On aime et on redemande donc plus de Sharko/ Henebelle !