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On débriefe pour vous … Godfather of Harlem, l’histoire vraie de Bumpy Johnson

Entre réalité et fiction, Godfather of Harlem raconte le parcours d’un parrain afro-américain des années 1960, Bumpy Johnson.

C’est quoi, Godfather of Harlem ? Après 11 ans passés dans la prison de Alcatraz, le parrain afro-américain Ellsworth « Bumpy » Johnson (Forest Whitaker) revient dans son quartier de Harlem auprès de sa femme Mayme (Ilfenesh Hadera). S’il retrouve rapidement sa place à la tête de son gang, il constate que la situation a changé. D’un côté, le trafic de drogue est désormais dominé par les Italo-américains emmenés  par Vincent Gigante (Vincent D’Onofrio) ; de l’autre, les tensions raciales sont exacerbées par la lutte pour les droits civiques menée par Malcolm X (Nigel Thatch), vieil ami de Bumpy.  Dans ce contexte explosif, Bumpy va tenter de récupérer son trône de Roi de Harlem, quitte à déclencher une guerre des gangs.

En 2007, Ridley Scott nous plongeait dans l’univers du crime organisé du Harlem des années 1970 avec son film American Gangster. Denzel Washington y incarnait Frank Lucas, ancien chauffeur du parrain Bumpy Johnson auquel il succédait à la tête d’une organisation criminelle. Dix-huit ans plus tard, retour à New York avec Godfather of Harlem dont les trois saisons arrivent sur Disney+.

Créée par Chris Brancato et Paul Eckstein (Narcos), la série fait presque office de prequel du film en racontant l’histoire de Bumpy Johnson. Le premier épisode commence en 1963, lorsque Bumpy sort de prison et retourne à Harlem pour reprendre les rênes de son empire criminel. Mais il constate que les Italiens  se sont emparés d’une partie de son territoire et de ses trafics. 

D’après une histoire vraie

Au début de chaque épisode, on nous rappelle selon la formule consacrée que, bien qu’inspirés de faits réels, l’histoire, certains personnages, dialogues etc. ont été romancés ou inventés « à des fins de dramatisation. »  Dans Godfather of Harlem, l’Histoire et la fiction s’entremêlent mais la plupart des personnages ont réellement existé. 

A commencer par Ellsworth Ray Johnson, surnommé Bumpy (Forest Whitaker est phénoménal), un afro-américain d’origine modeste qui a fait fortune à la tête d’un gang à Harlem. Un homme craint et respecté, considéré comme dangereux sous ses airs de businessman prospère, arrêté 40 fois et condamné à 11 ans de prison pour possession et trafic de drogue. C’était aussi un homme instruit et lettré qui a beaucoup œuvré pour le développement de la scène artistique de Harlem. 

A lire aussi : On a vu pour vous… Gangs of London, lutte ultra-violente entre gangs | VL Média

Bumpy Johnson et Malcolm X, deux figures historiques de la série

Au fil des épisodes, on croise aussi Malcolm X  (Nigel Thatch jouait déjà le rôle dans le film Selma); les mafieux Vincent Gigante (excellent Vincent d’Onofrio), Frank Costello ou Joe Colombo ; le pasteur et homme politique Adam Clayton Powell Jr. (joué par Giancarlo Esposito), Mohammed Ali. Le récit est par ailleurs jalonné par des événements tels que l’assassinat de Kennedy, le discours de Martin Luther King, les émeutes raciales, la Marche sur Washington, la guerre du Vietnam. 

Une série de gangsters

Le titre est explicite, Godfather of Harlem raconte l’histoire… du parrain de Harlem, et elle s’inscrit parfaitement dans les canons du genre, dans la lignée de Scarface, Les Affranchis, le Parrain, les Sopranos, Boardwalk Empire. Tous les épisodes reprennent les codes et les passages obligés : règlements de compte, trafics de drogue, corruption politique et policière, tractations entre criminels, fusillades etc. entre gangsters noirs de Harlem et mafieux italo-américains. S’ajoutent en arrière-plan des intrigues familiales, par exemple lorsque Bumpy tente de venir en aide à sa fille toxicomane (quand lui-même inonde les rues de Harlem de drogue) ou que Gigante voit d’un mauvais œil la relation de sa fille Stella avec un jazzman noir… 

La mise en scène oscille entre ambiance classique des films de gangsters, séquences brutales et polar contemporain, nous entraînant dans les clubs de jazz enfumés et bondés, les immeubles bourgeois et salons luxueux, les arrière-cours ou se déroulent les négociations et les rues sombres et sordides où sont commis les crimes les plus brutaux. Le tout avec une bande-son époustouflante mêlant hip-hop et jazz, titres inédits et classiques de l’époque, sans que cette juxtaposition ne devienne jamais dissonante (Le générique est extraordinaire).

Une fenêtre sur l’Amérique des années 1960

Godfather of Harlem a aussi l’ambition de dresser le panorama d’un lieu et d’une époque : le Harlem tumultueux du milieu des années 1960, à la croisée d’un contexte criminel, social et politique. Il y a les mouvements de protestation pour les droits des Afro-Américains, portés par deux figures aux stratégies divergentes : Malcolm X (membre éminent de la Nation islamique qui prône l’activisme sans concession) et le député Adam Clayton Powell Jr. (pasteur chrétien modéré qui tente de peser dans le jeu politique.) Plus tard, ce sont les Black Panthers qui reprendront le combat, cette fois en basculant dans la radicalisation.

Négociations tendues entre Gigante et Johnson

La série montre aussi un Harlem en déshérence gangrené par la drogue, la pauvreté, la criminalité ; un quartier en proie aux guerres de gangs où les parrains se disputent les profits tandis que de jeunes criminels se font les dents ; un quartier aussi au cœur des émeutes contre les forces de police ; et aussi l’émergence de la scène artistique afro-américaine (le Harlem renaissance) avec sa dimension contestataire et communautaire. 

C’est en puisant dans l’envergure de ce contexte historique que Godfather of Harlem dépasse le cadre de la série de gangsters. À travers les agissements criminels de Bumpy, la série ouvre une fenêtre sur l’Amérique des années 60 et exploite brillamment toute les dimensions du récit : histoire criminelle, histoire sociale et événements historiques s’entremêlent et s’influencent mutuellement. 

Excellente série de gangsters , Le Parrain de Harlem juxtapose brillamment son intrigue criminelle à une tableau vivant, détaillé et captivant de l’époque. Portée par des acteurs impeccables (au premier rang desquels le duo Whitaker – D’Onofrio), bien écrite et rythmée, elle offre un récit rythmé et plein de suspense, mais aussi une image passionnante du Harlem  des années 1960. Entre guerre des mafias, lutte pour les droits civiques et destins croisés de grandes figures ayant réellement existé. 

Godfather of Harlem
3 X 10 épisodes de 50′ environ.
Disponible sur Disney+

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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