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On  débriefe pour vous … Murderbot, androïde sarcastique avec une conscience

Alexandre Skarsgård joue un androïde qui s’auto-pirate dans Murderbot, une… comédie de science-fiction existentialiste.

C’est quoi, Murderbot ? Dans le futur, des androïdes ont été créés afin de remplir diverses fonctions, comme les SegUnit chargés de la sécurité. Ils sont censés obéir à un système, mais l’un d’eux (Alexander Skarsgård) a réussi à s’auto-pirater pour accéder à un certain niveau d’autonomie et de conscience. Ayant choisi pour nom Murderbot, il doit cacher sa nouvelle indépendance sous peine d’être détruit et il continue d’obéir aux ordres. Mais lorsqu’il sauve une équipe de scientifiques d’une attaque de ver spatial cannibale, Murderbot montre de l’empathie envers un des blessés. Dès lors, la capitaine Mensah (Noma Dumezweni) et certains membres commencent à la voir comme autre chose qu’une machine, quand le scientifique Gurathin (David Dastmalchian) se méfie de ce robot qui « dysfonctionne »…

Apple TV+ a pris goût à la science-fiction. Après Silo ou Foundation, Murderbot vient enrichir le catalogue de la plate-forme, dans un sous-genre toutefois différent puisqu’il s’agit d’une comédie. Tirée des romans de Martha Wells publiés en Français sous le titre Journal d’un AssaSynth, la série a pour héros un androïde qui a piraté son propre système d’exploitation et développe alors une conscience et un libre-arbitre. Cette première saison de dix épisodes adapte le premier livre, assez fidèlement malgré quelques modifications validées par l’auteure.

Un mélange des genres réussi

Murderbot mélange les genres de façon plutôt convaincante. On la qualifiait en introduction de « comédie de science-fiction existentialiste », définition qui la place déjà à part en termes d’originalité.

Côté science-fiction, on est dans une société futuriste dominée par les grandes corporations de la tech, où les humains peuvent se procurer des androïdes conçus pour les loisirs (comprenez : le sexe), la productivité ou la sécurité. A cette dernière catégorie appartient Murderbot, qui est employé par un petit groupe de scientifiques en mission d’exploration sur une autre planète. Outre des androïdes, on croise des monstres extraterrestres, des vaisseaux spatiaux, des planètes inconnues, des humains « augmentés »… Visuellement, les effets spéciaux sont convaincants ; la série joue aussi sur les références : Robocop, Star Wars, Dune. Et Star Trek, Murderbot étant fan du feuilleton The Rise and Fall of Sanctuary Moon, qui n’est pas sans rappeler les aventures de l’Enterprise.

La comédie repose sur le décalage entre le comportement de Murderbot et ses réflexions en voix off, qui nous accompagnent en permanence. Ses commentaires pince-sans-rire bourrés d’ironie nous donnent accès à sa toute nouvelle conscience et montrent le fossé entre ce qu’il exprime et les pensées qui bouillonnent en lui. 

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Androïde au bord de la dépression nerveuse

Alexander Skarsgård, formidable androïde

Le point faible de la série réside dans les personnages secondaires, bien moins intéressants et moins bien exploités. Seuls se démarquent Gurathin, qui se méfie de Murderbot (leur relation étant ainsi particulièrement acide et donc inconfortable pour l’un comme pour l’autre) et le Dr Mensah qui au contraire est en empathie avec notre robot (et c’est tout aussi dérangeant pour celui-ci).

En revanche, Murderbot est extrêmement intéressant, déjà parce qu’il  se démarque des archétypes du genre. Malgré le nom qu’il s’est choisi (uniquement parce qu’il trouve que « ça sonne bien »), il n’a aucune intention de se rebeller ou de tuer les humains (même s’il les considère tous comme des « connards »)  Tout ce qu’il veut, c’est qu’on le laisse regarder tranquillement son space opera préféré. Et il cache soigneusement son auto-hacking, parce que s’il était découvert, il serait détruit, plongé dans un bain d’acide. Dans ce rôle d’autant plus complexe que Murderbot est censé être inexpressif, Alexander Skarsgård est parfait. Il parvient à transmettre des sentiments par la voix, les gestes ou les micro-expressions du visage.  

En tant que robot, il n’est pas supposé éprouver des sentiments. Lorsqu’il commet l’erreur de manifester une forme d’empathie, les relations avec ses « clients » changent radicalement. Certains membres de l’équipage commencent à la considérer différemment, tandis que l’un d’eux soupçonne un problème et tente de convaincre les autres de le désactiver. Pour tenter de détourner l’attention, Murderbot évite autant que possible les interactions directes, tout contact physique et toute confidence. Lorsque la situation devient trop intime, il s’en va en arguant de son excuse favorite : « je dois vérifier le périmètre ». 

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L’équipage ne sait pas quoi faire de Murderbot

L’angoisse existentielle de l’androïde

Murderbot se retrouve confronté à une dynamique de relations humaines dont il ignore tout, qui le pousse à s’interroger sur sa propre identité. C’est là que réside le véritable cœur narratif de la série : la crise existentielle d’un androïde. D’une certaine manière, notre robot souffre d’anxiété sociale – accentuée par des réminiscences d’un passé apparemment traumatique, dont il (et on) ne comprend pas grand-chose au début. Murderbot commence à se demander qui ou ce qu’il est ; même la question de savoir si on doit l’appeler « il » ou « ça » fait partie de sa recherche d’identité. 

Les romans – et la série – se démarquent par la manière légère et amusante dont l’histoire permet d’explorer des thèmes plus profonds. L’évolution de l’humanité, les limites de la  technologie (et de l’IA en particulier), le poids croissant des grandes entreprises, notre dépendance aux technologies… et la question de la conscience et de ce qui fait de nous des humains.  L’un des points forts de Murderbot, c’est qu’on finit par entrer en empathie avec ce robot doté d’une conscience. Car ses doutes, ses peurs, ses pensées ne sont finalement pas si éloignés des nôtres. 

Murderbot est un mélange improbable de comédie, de science-fiction et de questionnement sur ce qui fait de nous des humains Si les épisodes d’une vingtaine de minutes ne permettent pas toujours d’approfondir tous les personnages ou les sujets qu’elle aborde, c’est une série originale et globalement très réussie, à la fois divertissement léger et réflexion sur la conscience et le libre arbitre. Et au final, on a bien envie d’aller vérifier le périmètre avec Murderbot, avant de s’asseoir à ses côtés pour regarder un épisode de Sanctuary Moon. 

Murderbot
10 épisodes de 25′ environ.
Disponible sur Apple TV+

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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