
Sorti il y a quelques mois en salles, le film Gueules Noires est désormais disponible en streaming : âmes sensibles et claustro s’abstenir.
1956, dans le nord de la France. Une bande de mineurs de fond se voit obligée de conduire un professeur faire des prélèvements à mille mètres sous terre. Après un éboulement qui les empêche de remonter, ils découvrent une crypte d’un autre temps, et réveillent sans le savoir quelque chose qui aurait dû rester endormi.
On aime ou pas ?
Gueules noires s’inscrit pleinement dans la réappropriation par le cinéma (et la télévision) français du genre, d’ordinaire réservé aux productions anglo-saxonnes. Ecrit et réalisé par Mathieu Turi, il s’inscrit dans la droite lignée de films devenus des classiques, on pense évidemment à The Descent ou en France le film Catacombes.
Dans Gueules noires, il y a une volonté de coller au plus près le genre avec notre héritage historique, ici les mineurs, les corons qui risquaient leur vie dans les mines. C’est la condition même des mineurs, leur grande précarité qui est utilisée ici pour les pousser à accepter « cette mission » d’accompagner un chercheur dans un secteur secret de la mine. Contre de l’argent, on ne peut rien refuser ? En tout cas pas la vie de ses hommes, c’est le parti pris dans cette histoire de Samuel Le Bihan qui se fait fort d’accompagner, de ramener tout le monde à la surface. Mais il se heurte à la vanité de certains, plus forte que tout, et aux horreurs qui se cachent en chacun de nous comme sous terre. Y compris la créature « réveillée » et qui s’attaque à eux. Et quel meilleur manière de générer la peur sous terre quand il fait noir.
C’est donc à la faveur de l’éclairage des mineurs que l’horreur se découvre et qu’ils doivent l’affronter. Gueules noires joue moins sur la claustrophobie de Descent que sur d’autres peurs comme la peur de se perdre et la peur du noir. Point de couloirs étroits ici, ce sont plutôt de grandes galeries qui se nous apparaissent à mesure qu’ils avancent. Puis vient le temps de la créature mais à chaque fois, la montée en puissance se fait de manière progressive et parfaitement installée par des étapes nécessaires et maîtrisées.
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Si l’on ne dira rien sur la créature, on laisse le soin de la découvrir, on dira qu’elle s’inscrit pleinement dans la mythologie du genre et laisse même la place possible à une histoire sur plusieurs films si on le voulait. Elle n’a rien à envier aux plus grands prédateurs du genre à commencer par les Aliens et autres Predators. Le face à face avec les gueules noires se montre réussi de bout en bout et l’on ne cesse de trembler pour eux. Même si le final est dans la plus pure tradition de ce type de films, le voir réussi et maîtrisé ne peut que satisfaire les afficionados de ces films. Mathieu Turi a compris ce qu’il fallait faire et il se montre digne de ces illustres prédécesseurs.
Si vous avez aimé Gueules Noires, vous aimerez Deep fear ?
Trois jeunes étudiants, fraîchement diplômés, décident de s’éclater en visitant les catacombes. Ils sont loin de se douter que leur expédition va virer au cauchemar. Sonia et ses deux acolytes, Max et Henry, tenteront d’échapper à une étrange créature qui se cache dans les entrailles de la Terre et de rejoindre la surface pour se sauver des griffes de l’Enfer.
Deep Fear s’inscrit dans les tentatives de Ciné+ OCS de relancer des films de genre. Et rien que pour ça, la proposition est louable et mérite d’être soutenue. La tentative la plus réussie était L’invitation, simple mais redoutablement efficace. Il y eu aussi Maraé l’été dernier dans le genre survival. On aimerait donc saluer la tentative que fut Deep Fear mais force est de constater que le film ne fonctionne pas. L’univers fonctionne bien, l’ambiance génère ce qu’il faut d’angoisse et de peur. Mais c’est le scénario qui n’est pas assez maîtrisé.
L’histoire aurait pu nous offrir de l’horreur pure mais elle se perd elle aussi en route multipliant les détours à l’image de cette scène d’intro où l’héroïne est attaquée par des skinheads chez elle … mais qui ne sert à rien. Ensuite le film nous donne l’impression d’installer ce qu’il faut pour parvenir à ce qu’l veut raconter … mais prend trop de temps. Il faut attendre plus de 50 minutes pour découvrir « la créature » alors que le film dure 1h25 (!!) Et même là, on tombe sur une créature à la limite du grand guignol, voire du ridicule et c’est dommage.
