Culture

Pourquoi la photo vintage fait-elle son retour ?

La campagne électorale bat son plein. La plupart des quotidiens font chaque jour leur une sur l’un des candidats. C’est évidemment le cas de Libération qui couvre largement la campagne des primaires de la gauche… et si vous lisez ce journal, leurs unes ne vous ont certainement pas échappé. En effet, que ce soit Arnaud Montebourg ou Benoit Hamon, ils ont eu le droit à leur une sous forme de photomaton. Ivan Guilbert, le photographe derrière cette idée, explique sa démarche dans le quotidien : « Le photomaton c’est le lieu de la photo d’identité (…) Chacun est traité avec la même focale, la même distance, la même lumière. Il ne se différencie que par ce qu’il a envie de véhiculer, d’être au moment de la prise ». Ce point de vue est intéressant car à l’heure du tout numérique, des smartphones et des réseaux sociaux où chacun communique autour de son image, la photo vintage fait son grand retour et nous allons tenter de vous expliquer pourquoi.

Les procédés

Ils ont été les stars de Noël : les appareils Polaroid se sont retrouvés sous de nombreux sapins. S’ils avaient disparu au début des années 1990, notamment en raison de leurs coûts élevés, ils reviennent sur le devant de la scène aujourd’hui sans que la dépense ne semble avoir une grande importance. Les plus aguerris se sont eux tournés vers des appareils argentiques, avec le luxe de développer ses photos soi-même. Évidemment, il en existe pour tous les prix et tous les goûts comme explique dans son comparatif Charlotte Bocquet. Les curieux intrigués par le retour de la photo papier et encore accrochés à leur smartphones ont, de leur côté, opté pour l’effet rétro. Des compagnies comme PosterXXL proposent en effet d’imprimer des photos prises par téléphone et de leur donner un effet Polaroid. Ce marché est en plein boom, pourtant loin des prouesses technologiques d’aujourd’hui et c’est bien là sa force.

Le diktat des réseaux sociaux

Il est difficile aujourd’hui de trouver quelqu’un qui ne possède pas au moins un profil sur les réseaux sociaux. S’ils sont souvent décriés, nous en sommes néanmoins accrocs. Ils mettent pourtant nos vies en scène : on doit paraître heureux, entouré de nos amis, on montre à quel point notre vie est fun… On se doit de contrôler notre image à coup d’hashtags ou de filtres SnapChat. La moindre photo postée entraine une course aux likes et il en résulte souvent une vision déformée de notre vie. C’est pourquoi le retour en force de procédés classiques peut témoigner d’une certaine lassitude des réseaux sociaux.

Un partage déconnecté

Les Polaroid et les photos argentiques ont cet avantage : leur but premier n’est pas d’être publié en ligne. Le partage se fait entre amis, dans la même pièce où l’on se passe les photos de main en main. De plus, ce type de photo n’est pas modifiable. On revient donc à l’essence même de la photo : une prise de vue pure à un moment donné. En restant dans un cadre restreint, ce type de photo ne nécessite pas de modification, de mise en valeur ou de mise en scène de sa propre vie. C’est finalement un souvenir pour soi, non soumis à la pression d’autrui.

La photo papier retrouve peu à peu la place qui était la sienne. En revenant sur le marché, sa présence témoigne d’un besoin de se détacher des réseaux sociaux. Ces photos n’ont pour but qu’un partage restreint entre amis. C’est un retour vers l’authenticité, l’original, comme le disait Ivan Guilbert, l’envie d’être au moment de la prise, sans artifice, loin du diktat des réseaux sociaux…

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