Le chef du gouvernement italien Mario Draghi a proposé sa démission ce jeudi 14 juillet. Le président de la République Sergio Mattarella l’a toutefois refusée.
Le M5S retire son soutien
Selon le communiqué de Mario Draghi, les conditions ne sont plus réunies pour lui permettre de gouverner. Ce message intervient suite à une décision du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), membre de la coalition au pouvoir. Il a décidé de ne pas participer à un vote de confiance sur un texte discuté au Sénat. Ce décret-loi contenait des mesures d’environ 23 milliards d’euros pour aider les entreprises et les familles à faire face à l’inflation. A cela s’ajoutait une mesure à laquelle les M5S sont opposés pour des raisons de coût et de pollution. Celle-ci vise à faciliter la construction d’un incinérateur d’ordures à Rome. Le parti de l’ancien Premier ministre Giuseppe Conte est également opposé à la ligne ferme de Mario Draghi sur l’invasion russe en Ukraine.
La majorité d’unité nationale qui a soutenu ce gouvernement depuis sa création n’existe plus. Le pacte de confiance fondant l’action de ce gouvernement a disparu.
Mario Draghi dans son communiqué
Au pouvoir depuis plus d’un an
Pour rappel, Mario Draghi a été nommé par le président de la République Sergio Mattarella en février 2021. Il dirige depuis un gouvernement d’union nationale avec des partis de droite, de gauche et « antisystème ». Même s’il dispose d’une majorité sans le soutien du M5S, il estime que sans lui, son gouvernement devient « politique ». Or, il considère devoir rester dans une idée d’union comme au moment de sa nomination après la pandémie. De son côté, le M5S, vainqueur des élections en 2018, aurait en tête le prochain rendez-vous électoral de 2023. Or, il n’a pour l’instant que 10% des intentions de vote.
Le M5S s’écroule dans les sondages et a besoin de récupérer de la visibilité. Il veut être au centre de l’attention.
L’ancien économiste en chef du Trésor italien Lorenzo Codogno pour l’AFP
Le refus de Sergio Mattarella
La présidence a annoncé le refus de la démission du Premier ministre. « Le président de la République n’a pas accepté les démissions [du président du Conseil et du gouvernement] et l’a invité à se présenter au Parlement afin qu’ait lieu […] une évaluation de la situation. » peut-on lire dans le communiqué.
Le chef du Parti démocrate (centre-gauche), membre important de la coalition de Mario Draghi, Enrico Letta a quant à lui salué sur Twitter cette décision. Il s’est engagé à « travailler pour que le Parlement confirme sa confiance au gouvernement Draghi pour que l’Italie sorte le plus rapidement possible de la chute en vrille dans laquelle elle est tombée ces dernières heures. » Les prochains mois restent toutefois incertains pour la vie politique italienne. Sergio Mattarella souhaite maintenir Mario Draghi jusqu’aux prochaines élections mais l’instabilité est toujours une menace importante.