A la faveur de nombreux projets dont Tout pour la lumière ou Soleil noir, on reparle beaucoup de « sagas de l’été », un genre bien français.
Face à une programmation souvent terne l’été, avec beaucoup de rediffusions, les chaînes et plateformes comptent beaucoup sur la fiction pour accrocher le spectateur tout l’été. Et les sagas de l’été en la matière constituent un genre solide depuis 40 ans.
Un genre français inspiré des américains
Alors que la fin des années 70 et les années 80 voient l’explosion du prime time soap façon Dallas ou Côte Ouest, la télévision française comme souvent peine à se lancer dans la partie. Il y a bien sûr la tentative Chateauvallon, succès monstre mais avorté par l’accident de la route de son héroïne. C’est donc sous une autre forme que ces séries vont revenir.
La grande saga familiale aux multiples personnages et rebondissements va donc prendre la forme d’un genre assez français : la saga de l’été dont Jean Sagols sera un des fiers représentants pendant de nombreuses années.
Orage d’été, Le vent des moissons seront quelques pionniers mais c’est avec Les cœurs brûlées que le genre va exploser dans les années 90. La série et sa suite (Les yeux d’Hélène) n’ont rien à envier aux séries américaines du même genre, à ceci près que l’intrigue est concentrée sur 9 épisodes visant à couvrir la diffusion estivale. Puis le genre va connaître des représentants « moins vaillants » côté audiences, avec des saisons qui se raccourcissent avant de changer dans les années 2000.
« Etienne Mougeotte (patron de TF1) me disait :
‘Tu me donnes une tête d’affiche pour l’été – une femme en générale (ce qui était nouveau) – pour avoir la photo en couverture du programme télé et le reste tu fais ce que tu veux, tu prends qui tu veux’
(Jean Sagols à VL)
Sur un format de 90 minutes, la saga est souvent portée par une héroïne, voire une « matriarche » même (héritière des soaps américains) à qui il arrive de nombreuses aventures, le plus souvent pour sauver sa famille ou son domaine. Ces séries reprennent les codes des soaps américains, et pour cause, l’un des auteurs historiques aux côtés de Jean Sagols est Jean-Pierre Jaubert, formé sur ces séries américaines.
Le tournant des années 2000
Après quelques tentatives moins fructueuses côté audiences, la saga se réinvente et devient davantage thriller. Mis à part Le bleu de l’océan qui conserve un aspect soap, les autres séries, notamment sur TF1, s’orientent vers de grands thrillers, comme L’été rouge, Zodiaque et bien sûr Dolmen. France 2 n’est pas en reste et offre des séries plus « simples », moins concept mais tout aussi prenante comme Un été de canicule. C’est à cette période (août 2004) que Plus belle la vie arrive.
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En tant que feuilleton quotidien, elle va s’emparer de tous ses codes et c’est rapidement dans ces séries que l’aspect saga se retrouve, la traditionnelle saga de l’été tend elle à disparaître. Non sans tenter de se relancer ici et là. Mais la domination des feuilletons quotidiens à partir de 2017 sur toutes les chaînes rend moins utile la production de sagas. Et c’est bien dommage car focalisant sur les séries quotidiennes, on oublie qu’il a aussi une registre à explorer, la saga « hebdo », un genre que seul Sous le soleil sera capable d’explorer. Avec plus de 450 épisodes, il est même plus long que des certains homologues américains.
Un vrai retour en grâce ?
Face à la toute puissance des séries quotidiennes (désormais 6 en France en 2025), on sent une vraie tendance de revenir à la saga telle qu’on l’a aimé. En adaptant des œuvres littéraires comme Michel Bussi ou Olivier Norek, mais aussi en proposant des œuvres originales, les chaînes ont envie de proposer de nouveau des séries conçues pour l’été. Outre les quotidiennes qui, l’été, bascule dans une arche plus « typique » (comme la nouvelle série Nouveau jour pour M6), des projets clairement inspirés de ce genre déboulent à la télévision.
Alors que TF1 a proposé Brocéliande en 2024, et relance Zodiaque, France 2 tourne L’or bleu avec Barbara Probst, tandis que TF1 / Netflix assument que Tout pour la lumière soit leur série de l’été. Cette dernière propose même début juillet une pure saga avec ses secrets de famille, ses personnages haut en couleurs avec Soleil Noir qui assume sa filiation avec ses aînées.