Avocat, écrivain, président du Conseil constitutionnel, sénateur et ministre de la Justice, Robert Badinter nous a quitté dans la nuit de jeudi à vendredi. Il était âgé de 95 ans.
C’était l’un des derniers géants du XXe siècle. Robert Badinter est décédé dans la nuit du jeudi 8 au vendredi 9 février, a annoncé sa collaboratrice, Aude Napoli à l’AFP. À 95 ans, il avait connu mille vies. Avocat, ministre, écrivain, président du Conseil constitutionnel ou encore sénateur, Badinter était surtout connu pour son engagement contre la peine de mort. Retour sur 5 dates clés qui ont marqué la vie de celui qui faisait de l’injustice sa lutte quotidienne.
1971 – La prise d’otage de la centrale de Clairvaux
Le 21 septembre 1971, les détenus Claude Buffet et Roger Bontems prennent en otage un gardien, une infirmière et un détenu-infirmier, libéré par la suite, dans la prison de Clervaux. Le lendemain, René Pleven, ministre de la Justice, décide de lancer l’assaut par les forces de l’ordre pour les neutraliser. Lors de l’assaut, les deux otages sont égorgés. Pendant le procès, il est confirmé que Roger Bontems n’a pas tué les otages. Pourtant, les jurés décident de sa condamnation à mort, tout comme Buffet, pour son implication dans la prise d’otage. Cette décision révolte leur avocat, Robert Badinter. C’est là que commence son combat.
1977 – Le procès de Patrick Henry
Patrick Henry est responsable de l’enlèvement et du meurtre du petit Philippe Bertrand. L’homme encourt la peine capitale. Le procès s’ouvre cinq ans après l’exécution de Roger Bontems. Badinter, alors avocat de l’accusé, décide de prendre sa revanche.
Dans sa plaidoirie, l’avocat invoque tout son engagement contre cette peine définitive . « Si vous votez comme monsieur l’avocat général vous le demande, vos enfants sauront que vous avez, un jour, condamné à mort un homme, et vous verrez leur regard. », plaide-t-il.
La plaidoirie convainc. Patrick Henry, échappe à la peine de mort et écope de la perpétuité. C’est une victoire pour Badinter.
1981 – Robert Badinter devient le Ministre de la Justice de François Mitterrand
Le 23 juin 1981 débute sa carrière politique en tant que ministre de la Justice de François Mitterrand. Robert Badinter ne s’est pas seulement battu contre la peine de mort, il met en place de nombreux projets de lois. Parmi eux, la loi du 4 août 1982 concerne la communauté homosexuelle : celle-ci abolit la distinction dans l’âge de la majorité sexuelle qui est jugée discriminatoire. En effet, cette majorité pour les hétérosexuels est définie à l’âge de 13 ans puis 15 ans. Mais pour les homosexuels, elle était alors fixée à 21 ans, puis à 18 ans, en 1974. Robert Badinter était également pour la « dépénalisation universelle de l’homosexualité ».
1981 – L’abolition de la peine de mort
Lorsqu’il devient ministre de la Justice, sa première initiative est de proposer l’abolition de la peine de mort. Le 17 septembre 1981, Robert Badinter prononce un discours devenu historique. Il dit : « Monsieur le président, Mesdames, Messieurs les députés, j’ai l’honneur au nom du Gouvernement de la République, de demander à l’Assemblée nationale l’abolition de la peine de mort en France ». L’Assemblée nationale adopte le texte le 18 septembre 1981, et vote la loi le lendemain.
Le Sénat votera également la loi le 30 septembre, qui devient ainsi la loi n°81-908 du 9 octobre 1981. La peine de mort n’étant pas abolie dans le monde entier, Badinter va continuer son combat jusqu’à la fin de ses jours.