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Beastars s’apprête à dévorer les lecteurs de tout poils

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Imaginez que du jour au lendemain vous vous retrouviez accusé d’un meurtre. Et ce pour la simple raison que votre nature vous prédestine à recevoir ce rôle ingrat malgré votre personnalité douce et sensible ? Legoshi de Beastars en connait un rayon lui.

On peut dire que Ki-oon s’est bien débrouillé pour que sa dernière trouvaille ne passe pas inaperçue. Bien mis en avant pour le Festival d’Angoulême, son auteure Paru Itagaki présente sur place, Beastars débarque enfin en France. La série a déjà une douzaine de volumes publiés et plusieurs prix remportés sur le seul sol japonais. Il faut dire que la singularité de cette œuvre et de son auteure valent le coup d’œil !

Adorant dessiner des animaux depuis son plus jeune âge, Paru Itagaki s’orientera vers des études de cinéma. Malgré ses ambitions narrative, la difficulté de lancer un projet de film la fera aller vers le manga. Elle obtiendra les bonnes grâces de l’éditeur Akita Shoten pour le magazine Weekly Shonen Champion où elle publiera un recueil d’histoires mettant en scène des animaux anthropomorphiques. Ce premier jet lui permettra de publier Beastars par la suite à l’âge de 24 ans. Refusant catégoriquement de montrer son visage, elle se montre régulièrement avec un masque de poule.

Tous à poils

Dans une société animale anthropomorphique où la consommation de viande est interdite, la vie est réglée pour que n’importe quelles espèces, qu’elles soient carnivores ou herbivores, cohabitent sereinement. Toutefois, le meurtre de l’alpaga Tem retrouvé déchiqueté à l’institut Cherryton réinstalle la méfiance auprès des élèves. Le principal suspect est Legoshi, un loup qui était particulièrement proche de la victime. Toutefois, celui-ci est doux et timide et a plutôt tendance à subir sa condition de robuste prédateur. Au milieu de toute cette agitation, le cerf Louis, la star de l’école, compte renverser l’ordre établi en devenant Beastar.

Bien que l’on soit vite lancé dans l’histoire à un point que c’en est déroutant, l’auteure prend le temps de poser petit à petit son univers. Les mangas ayant pour personnages des animaux sont très rares, surtout si il ne sont pas destinés à un jeune public. Le seul me venant en tête dans l’immédiat est Bye bye my Brother de Yoshihiro Yanagawa qui explorait un univers similaire dans le domaine de la boxe. Celui de Beastars en revanche est décrit avec énormément de détails justifiant toutes les conditions permettant aux espèces de cohabiter. Cela va de leurs régimes alimentaire à des séances de conditionnement jusqu’à même la taille des toilettes.

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Cette société animale pacifique où les instincts primaires des espèces ressurgissent n’est pas sans rappeler le film Zootopie. Toutefois, ne vous y trompez pas ! Si la couverture laisse penser qu’on va lire une histoire qui aurait pu sortir de n’importe quel Disney, le contenu est tout autre. Beastars montre une vision plus sombre d’un tel univers en y évoquant discrimination, harcèlement scolaire, soif de pouvoir et lutte de classes. On ne s’étonnera pas d’assister à des scènes plus violentes voir dérangées par moments. Le style de Paru Itagaki parait finalement moins proche de de la firme à la souris que celui de Canales et Guarnido, auteurs de Blacksad.

Pauvre loup doux

Un des gros points forts de Beastars est sans le moindre doute son casting de personnages. Très desservi par leurs designs les rendant bien expressifs, ils attirent tous une sympathie immédiate à première vue. On appréciera d’ailleurs le travail sur leurs regards et les anatomies les rendant très vivants sur le papier. Malgré l’attachement que l’auteure installe, elle arrive quand même à poser une ambiguïté en chacun d’eux. Personne n’est vraiment innocent et même l’animal le plus doux peut cacher en lui un véritable prédateur.

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On ne peut pas éviter de parler du dessin si singulier de la série. A première vue, le style de Paru Itagaki ferait presque croire à une bande dessinée franco-belge tant il est aux antipodes de la production manga régulière. Le trait fin, discontinu mais épuré de l’auteure donne une impression de voir des croquis par moments, comme si les planches étaient dessinées directement à main-levée. Difficile à croire pourtant devant la composition des pages et le soin apporté à la mise en scène.

Découlant de ses études de cinéma, l’auteure s’amuse à jouer avec la lumière ou le découpage. Sachant intelligemment user de l’espace que lui offre les pages, Paru Itagaki dispose ses cases comme si elles vivaient librement sur le papier quitte à les joncher l’une sur l’autre. Un moment de tension et les voilà s’éparpillant et se rétrécissant accentuant l’étouffement que ressent le lecteur. Une disposition qui peut paraître aléatoire mais qui est bigrement efficace !

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Si un magasin spécialisé en mangas était une salle de classe, Beastars serait l’élève turbulent à qui tout réussi. Il sait se faire remarquer, il ne fait rien comme les autres mais on ne sait pas trop comment, c’est lui qui a les meilleurs résultats. En deux volumes, l’univers instauré par Paru Itagaki et les tourments de Legoshi nous donnent férocement envie d’en voir plus.  Et comme on n’est jamais assez rassasié, un anime vient également d’être annoncé réalisé par le studio Orange (L’Ère des Cristaux). Pour sûr, on ne saura que trop vous recommander la lecture de Beastars dont vous risquez d’entendre à nouveau parler très bientôt !

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A voir aussi : Solitude d’un Autre Genre, la dépression vue en rose

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