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Les islamistes étendent le conflit

Mercredi 16 janvier, il est cinq heures. A environ trois kilomètres de la base du site gazier d’In Amenas (un site exploité par le groupe britannique BP, le norvégien Statoil et l’algérien Sonatrach), un bus emmenant des employés du site à l’aéroport de la ville est attaqué dans un raid islamiste. L’échange de tirs se terminera par la mort d’un anglais (décès confirmé par Londres), et d’un algérien plus six blessés. Les ravisseurs prennent ensuite la fuite avec cinq prisonniers direction le site gazier sur trois véhicules blindés selon le ministre de l’intérieur algérien. La base se situe dans le centre-est de l’Algérie, à la frontière avec la Lybie, à environ 1300 kilomètres de la capitale, Alger.

Le site de In Amenas.

Le site de In Amenas.

Dans ce complexe qui emploie environ 700 personnes, les assaillants prennent vite le dessus, armés entre autres de lance-roquettes. Ils sont une soixantaine d’islamistes appartenant aux « Signataires par le sang« , ce qui en dit long. Le groupe dirigé par l’algérien Mokhtar Bel-Mokhtar, alias « Le Borgne« , prend en otages environ 300 algériens et 41 occidentaux, répartis très vite en deux groupes. Bel-Mokhtar est un ancien de Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI), principale force islamiste en guerre contre la France depuis moins d’une semaine dans le pays voisin, le Mali. Cette attaque a été justifiée par le soutien récent de l’Algérie à l’intervention française au Mali, en ouvrant notamment son espace aérien aux troupes tricolores. La brigade Al-Mouthalimin, autre nom du groupe, demande « l’arrêt de l’agression » en premier lieu.

Bel-Makthar, le meneur de l'opération.

Bel-Makthar, le meneur de l’opération.

Les troupes algériennes sont vite dépêchées sur les lieux, ce qui envenime très vite la situation. Hier, on comptait environ 150 soldats algériens autour du complexe. Les islamistes ont expressément demandé à l’Algérie de retirer ses troupes pour ouvrir d’éventuelles négociations, ce qu’a refusé le ministre de l’intérieur, Dahou Ould Kablia, « Nous ne répondront pas aux revendications des terroristes et nous refuseront toutes négociations« . Al-Jazeera, la chaîne numéro un au Maghreb, a relayé l’annonce de l’un des ravisseurs, Abou Al-Baraa qui demandait « le retrait de l’armée algérienne« . Par la suite, un Britannique, un Irlandais et un Japonais, ont également demandé par l’intermédiaire de la chaîne aux militaires de cesser les tirs contre leur lieu de détention pour tout d’abord favoriser leur vie, et l’ouverture des pourparlers.

A l’heure qu’il est on ne sait toujours pas si parmi les otages se trouvent des français. Le Quai d’Orsay a activé sa cellule de crise et les recherches sont toujours en cours. La Tribune de Genève citait ce matin un otage français de 52 ans : « Il y a parmi nous de nombreux blessés graves. Certains otages ont des explosifs à la ceinture. » France 24 a également affirmé avoir contacté un otage français par téléphone, tandis que Europe 1 avance quatre français potentiellement retenus sur le site de In Amenas. Les islamistes auraient par ailleurs menacé de faire sauter le site, en cas de non départ des forces armées algériennes. A noter, que Bel-Mokhtar était déjà à l’origine de l’enlèvement des deux français en janvier 2011 au Niger.

L’ancien ministre de l’intérieur, Gérard Longuet, aurait affirmé ce matin que la prise d’otage en Algérie ne serait pas liée avec l’intervention française au Mali. Selon lui, la seule volonté serait de montrer que les islamistes peuvent agir, quand ils veulent, n’importe quand.

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