Poursuivie notamment pour « tromperie aggravée » et « mise en danger d’autrui » à cause de la pollution, la RATP réfute toutes accusations et se prépare à publier les résultats d’une nouvelle étude.
Ce sont 20 usagers et le Syndicat autonome Tout RATP (SAT-RATP) qui portent chacun plainte contre la RATP. Ils dénoncent la pollution dans le métro et le RER parisien. Le 23 mars dernier, c’est l’association Respire qui avait déposé plainte contre le groupe. L’association se bat pour l’amélioration de la qualité de l’air et défend les victimes de la pollution.
Selon Reda Benrerbia, secrétaire général du syndicat, le groupe « sait depuis presque 40 ans maintenant que la pollution de l’air est mauvaise pour les salariés » (franceinfo). Il espère que la plainte influencera la RATP et que des moyens seront mis « à disposition immédiatement pour protéger la santé des salariés ». À la plainte s’ajoute une comparaison avec une étude réalisée dans le métro de la ville chinoise Suzhou. « Cette étude évalue à 375 morts par an le bilan de la pollution liée au métro, dans des conditions relativement similaires à celles qui règnent à Paris » indique Respire.
Un niveau de pollution supérieur à l’extérieur
Également l’association avait déjà porté plainte le 23 mars dernier. Respire avait récolté des données via par Jean-Baptiste Renard, directeur de recherche au LPC2E-CNRS à Orléans. Ce dernier a développé un outil de précision appelé LOAC, qui mesure la pollution dans le métro et le RER.
L’étude démontre que le niveau de PM10 (une sorte de particule fine dangereuse) dépasse presque tous les jours 50 µg/m³. Ce seuil correspond au pic de pollution à l’extérieur. Certains jours, le seuil atteint même 10 fois le pic de pollution dans certaines stations.
Dans le RER, la pollution serait encore plus grande. Les particules en suspension sont carbonnées, c’est-à-dire qu’elles viennent de combustion ou sont d’origine métallique. À l’origine : le freinage des rames.
« La RATP entretient une forme d’omerta sur la pollution de l’air dans le métro. Elle prétend qu’il n’y a pas de problème. Mais il faut dire la vérité aux gens. Le déni de la RATP est une composante essentielle du problème », avait déclaré Olivier Blond, directeur de Respire. C’est Julia Cancelier, avocate au barreau de Paris, qui s’occupe de mener cette action devant les tribunaux. Enfin, le syndicat SAT-RATP affirme qu’une étude interne de la RATP indique « une surmortalité chez les employés due à des niveaux de pollution alarmants » et que « la direction de la RATP refuserait de communiquer les informations détaillées de cette étude. »
« Le manque d’information mais aussi la faiblesse et la lenteur des actions pour améliorer la situation sont scandaleuses par rapport aux enjeux de santé pour les millions d’utilisateurs quotidiens. Nous espérons que cette plainte fera réagir la RATP, afin qu’elle informe enfin véritablement les usagers et qu’elle mette en œuvre rapidement les moyens nécessaires pour les protéger », ajoute Olivier Blond.
Des données contestées par la RATP
Face aux accusations, le groupe a très clairement réfuter les données avancées. « Depuis plus de 20 ans la RATP agit pour améliorer la qualité de l’air dans ses espaces souterrains ». Concernant la prétendue enquête interne, la RATP explique que les différentes études internes « n’ont jamais mis en évidence de corrélation entre l’air des espaces souterrains et un impact sur la santé ».
Toutefois, les données obtenues par des organismes extérieurs seraient faussées, assure le groupe. « Toute autre mesure réalisée avec des capteurs portatifs, qui ne sont pas les appareils de référence, ne sont pas comparables aux mesures réalisées sur site […] Les résultats de ces appareils portatifs ne peuvent être qu’indicatifs et non véridiques. »
Enfin, la RATP présentera prochainement au syndicat, usagers et à Respire, les résultats d’une nouvelle étude.