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Vision artistique #4 – Rencontre avec Amandine, réalisatrice aux messages poignants

L’art est un sujet dense mais il permet de faire passer de beaux messages d’espoir. Chaque semaine, nous vous proposons de découvrir le portrait d’un artiste et de comprendre sa vision de l’art. Quatrième rencontre avec Amandine, réalisatrice de documentaires sur des sujets de société.

Les images défilent lentement, les premières notes de musique se font entendre et la parole se délie. Pendant le confinement, Amandine, 23 ans, a créé un projet pour parler des femmes par le biais d’un documentaire intitulé « Intérieur.e ». « J’ai fait un documentaire où j’ai invité 25 femmes à parler de leurs corps, de ce qu’il a subi au fil des années que ce soit physiquement ou mentalement », raconte la réalisatrice. De nombreux thèmes y sont abordés comme le viol, les relations familiales compliquées, le harcèlement de rue, … « On a toutes vécu ce genre de choses, en parler ça permet de se sentir moins seule et je me suis aperçue que je pouvais être comprise par les femmes de mon entourage », précise-t-elle.

Ce projet est personnel tout en étant universel. Après un événement sombre et violent de sa vie, Amandine s’est intéressée au féminisme et s’est rendue compte qu’elle ressentait le besoin « d’encourager les femmes dans leurs paroles. » Avant de réfléchir à des projets vidéos, la jeune femme a d’abord créer une page Instagram, Dix petits détails, où des interviews sur la féminité et la masculinité y sont publiées.

L’intimité, les relations humaines, les sujets tabous, il est toujours complexe d’aborder ce type de thème. « Le but n’était pas de faire passer un message négatif », tient à souligner la réalisatrice. Le processus créatif n’a donc pas été simple entre les nombreux sujets abordés, parfois très violents, sur le viol ou de le harcèlement physique et mental. Après avoir regroupé toutes les interviews, recopiées au mot près, Amandine s’est lancée dans un montage où l’intensité augmente au fur et à mesure que les minutes défilent. Il était primordial de commencer avec des sujets plus doux pour que les gens puisse entrer en douceur dans la vidéo.

Les idées fusent. Amandine réfléchit déjà pour la suite au projet « du genre à » pour parler de différents parcours de vie, puis à un podcast sur les relations amoureuses et pourquoi pas entreprendre un projet similaire à « Intérieur.e » mais d’un point de vue masculin. La jeune femme espère vivre de ses projets et travailler dans la production sans pour autant mentir : « Je ne cherche pas à sortir du lot, je reste très sincère avec les gens, ma démarche n’est pas marketing. »

« Je n’ai pas envie d’avoir ma vérité mais d’avoir des vérités »

L’art est un outil libérateur de la parole. « Ça apporte du bonheur, ça doit servir à parler du monde dans lequel on vit. Tout le monde devrait s’intéresser à l’art », souligne Amandine. D’ailleurs pour ce documentaire, en plus du travail sur les images, la réalisatrice s’est associée à des musiciens, Clément T et RVNS, pour créer une bande-son originale.

Son art est l’expression : « J’aime parler avec les gens, les écouter et faire des projets qui peuvent leur servir et permettent d’appartenir à un groupe. J’ai besoin de cet échange. Je n’ai pas envie d’avoir ma vérité mais d’avoir des vérités.» Bien que ces sujets soient intimes, la réalisatrice tient à rappeler qu’il n’y a pas de petites douleurs et que malheureusement les femmes ont tendance à se juger elles-mêmes : « On nous a appris à se taire sur des sujets jugés pas très jolis et donc on a pas l’habitude d’en parler. » C’est chose faite avec « Intérieur.e ».

Pour se lancer dans la réalisation d’un documentaire, le point essentiel est de « bien communiquer sur tes intentions avec les gens, créer un vrai lien de confiance. Si tu sens une vive réticence il faut creuser car c’est là où c’est le plus intéressant, il ne faut pas avoir peur de déranger les gens. Il ne faut pas que les gens se sentent utilisés », souligne-t-elle.

« Je conseille de toujours continuer à rêver, de ne pas s’apitoyer sur son sort et de se lancer. Et pour nous les femmes : de continuer à être solidaires, de s’écouter, de se soutenir et de se dire qu’on est forte. » Cette note d’espoir à la fin du documentaire n’est pas vue comme une finalité mais comme une continuité de la libération de la parole sur ces sujets.

Pour retrouver les trois premiers épisodes de cette série : Rencontre avec Insomnie et de son « laboratoire » musical – Rencontre avec le stand-uppeur Nicolas Fabié et de “ses bandes sonores”Rencontre triple avec HYL, le rap théâtralisé

Julie Fortun

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