Un peu moins de 100 cas de variole du singe ont été détectés en France. C’est l’occasion de revenir sur l’éradication de la variole, « un héritage chargé d’espoir pour d’autres maladies » selon l’OMS.
L’appel à la vigilance de l’OMS
On compte désormais une centaine de cas de variole du singe en France et 1000 cas dans le monde. Ce mercredi 8 juin, le directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé Tedros Adhanom Ghebreyesus a ainsi alerté face à la diffusion de la maladie. Il existe selon lui un risque « réel » que le virus s’installe dans des pays non endémiques. Tedros Adhanom Ghebreyesus a ainsi appelé à la surveillance sanitaire. Son but est d’arriver « à identifier tous les cas et les cas contacts pour contrôler cette flambée et prévenir la contagion ».
« La victoire de l’humanité sur la variole«
Il y a deux ans, il déclarait déjà : « Au moment où le monde affronte la pandémie de COVID-19, la victoire de l’humanité sur la variole nous rappelle ce qu’il est possible d’accomplir quand les nations s’unissent pour combattre une menace sanitaire commune. » Cette « victoire », annoncée par l’organisation en 1980, était en effet extrêmement importante au vu de l’impact du virus. Celui-ci a tué 300 millions de personnes pendant le XXe siècle, plus que les conflits armés. A travers les âges, on estime qu’entre 500 millions et 1 milliard de personnes sont mortes à cause de cette maladie.
Au moment où le monde affronte la pandémie de COVID-19, la victoire de l’humanité sur la variole nous rappelle ce qu’il est possible d’accomplir quand les nations s’unissent pour combattre une menace sanitaire commune.
Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS
Une campagne de vaccination mondiale
L’éradication de la variole était le résultat d’une campagne de vaccination menée par l’OMS pendant 10 ans. L’organisation l’avait décidé dès 1952. L’OMS réunit alors à Genève un comité de quatre experts pour entreprendre une expérimentation internationale. Ils en concluent que le vaccin sec est la seule solution permettant l’éradication du virus dans les pays tropicaux.
Le Programme intensifié d’éradication de la variole débute ainsi en 1967. On compte alors 10 à 12 millions de cas à travers le monde. Mais sur 10 ans, l’OMS administre 500 millions de doses de vaccin antivariolique. La maladie s’éteint alors progressivement. Le dernier cas sur le continent américain est observé au Brésil en 1971. En Asie, la maladie est éradiquée dès 1975. Enfin, c’est le 26 octobre 1979 que l’OMS déclare le « jour zéro » de la variole.
Un succès toujours d’actualité
Ce succès permettait à David Heymann, professeur d’épidémiologie des maladies infectieuses à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, d’affirmer en 2020 que « Les leçons tirées de la variole sont utiles aujourd’hui pour faire face aux flambées épidémiques. » Aujourd’hui, plusieurs pays ont ainsi lancé dans les derniers jours une campagne de vaccination contre la variole du singe. La vaccin contre la variole est ainsi utilisé car il garantit une immunité croisée avec la maladie.
Nous avons la chance d’avoir le vaccin contre la variole, qui offre une immunité croisée avec la variole du singe.
Brigitte Autran, professeur émérite d’immunologie à la faculté de médecine de Sorbonne Université