Lors des manifestations pour le climat, on a pu voir un tout niveau type de pancarte avec des slogans tels que « détruisons le patriarcat pas la planète » ou encore » ni les femmes ni la terre ne sont des territoires de conquêtes ». En effet, c’est un tout nouveau mouvement qui prend de l’ampleur et fleurit au sein de ces manifestations pacifiques : l’écoféminisme. Ce mouvement regroupe les causes environnementales et les causes féministes en un seul et même mouvement. Pourtant, à première vue les deux causes ont peu de points communs et peuvent difficilement faire l’objet de revendications communes. Il semblerait pourtant que les deux luttes se rejoignent et fassent front commun. Alors conjuguer les luttes permettrait-il de conjuguer les forces et de multiplier l’impact des revendications ?
Le principe de l’écoféminisme :
Le comportement de domination et d’oppression des hommes sur les femmes et des Hommes sur la nature peut être assimilés et relèvent des mêmes logiques. La différence réside dans la majuscule ou non à Homme. Dès lors, il faut conjuguer les luttes et mettre au centre de ce processus la femme.
D’où vient l’écoféminisme ?
Et pourtant ce mouvement n’est pas récent et ne nait pas dans les manifestations pour le climat. Si c’est à cette période que de nombreuses personnes dans les pays occidentaux découvre le mouvement, le terme est utilisé pour la première fois dans le l’œuvre de Françoise Eaubonne Le féminisme ou la mort. Pour elle, la domination de l’homme sur les femmes et de l’Homme sur la nature est ce qui a entrainé la crise écologique que nous traversons avec pour conséquence la surpopulation et la surproduction agricole. Les principes du mouvement sont décrits dans le livre de Rachel Carson Silent spring sorti en 1962 et dont le retentissement donne une première visibilité aux causes du mouvements.
Un mouvement principalement anglosaxon
Dans les années 90, le mouvement devient essentiellement anglo-saxon et se scinde en deux courants principaux. D’un côté, un courant qu’on pourrait qualifier de socio-économique mené par Vandana Shiva. Il s’agit ici, d’une vision plus altermondialiste qui dénonce à la fois la domination des hommes sur la femme mais aussi celle des pays du Nord sur les pays du Sud. Elle mène un écoféminisme de résistance destinée à lutter à la fois contre l’emprise socioéconomique et la technologie des hommes. Toujours dans cette optique, elle a fondé un sanctuaire en Inde de la biodiversité sauvage ou les femmes tiennent une place essentielle.
Le second courant principal est celui mené par Staehawk. Ce mouvement est plus spiritualiste et rassemble des acteurs puisant leur inspiration dans les courants religieux. Ils aspirent à des croyances qui n’instaure pas de rapport de donation à la fois entre les hommes et les femmes ainsi qu’entre les Hommes et la nature.
Des causes communes ?
L’écoféminisme a de nombreux courants avec des moyens d’actions, des pensées très différentes et des analyses diverses mais tous se rejoignent tout de même sur un point: il faut conjuguer la lutte contre le patriarcat et contre l’exploitation de la nature. Les courants ont pour points communs de lutter pour la justice sociale et les inégalités écologiques. La femme est l’espoir pour l’avenir. La diversité des mouvements permet aussi une diversité des possibilités.
Les femmes plus sensibles à la cause environnementale ?
La question s’est posée de savoir si les femmes sont plus sensibles à la cause environnementale. Une réponse positive légitimerait le courant qui veut mettre la femme au centre de la lutte pour la sauvegarde de l’environnement.
On pourrait mettre en avant que celle-ci peuvent être plus à même de mener le combat écologique. En effet elles sont dans 80% des cas responsable des tâches ménagères au sein d’un ménage ce qui signifie qu’elles sont à l’initiative des achats écoresponsables ou non.
Par ailleurs, beaucoup de femmes ont compris les liens entre féminisme et écologie : savoir et faire respecter ses droits, ceux de la nature. Lutter pour ceux qui souffrent le plus du changement climatique comme pour celles qui souffrent le plus de l’oppression masculine.
Un mouvement qui ne met pas tout le monde d’accord
Pour autant, pas tout le monde n’adhère à l’écoféminisme et pas tout le monde ne pense que lier les deux causes puisse leur être favorable. En tête Elisabeth Badinter, féministe, qui pense que le mouvement est au contraire régressif pour la condition des femmes. En effet, il imposerait des contraintes plus dures à la femme pour être en accord avec la nature. Elle pense donc que le mouvement va à l’encontre de l’émancipation des femmes.
Les manifestations pour le climat permettent alors de découvrir une nouvelle manière de liguer à la fois pour le climat et pour les femmes en faisant fronts communs. Slogans et pancartes en tout genre, plus ou moins provocatrice, luttent pour ces deux enjeux majeurs du siècle. Le mouvement est ainsi sur le devant de la scène alors qu’il n’était que très peu présent en France jusque-là. Plusieurs questions restent en suspens : quel avenir pour le mouvement ? Se dirige-t-on vers une meilleure visibilité des causes et principes défendues par l’écoféminisme en-dehors des manifestations pour le climat ?
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