Art / ExpoCulture

Premier zoom sur le Festival D’Avignon

Le Festival d’Avignon est la plus grande manifestation de théâtre et de spectacles vivants au monde. Retour sur cette évènement. 

Petite présentation du festival

Durant le mois de Juillet, il accueille une cinquantaine de spectacles français ou étrangers, il transforme plus d’un vingtaine de lieux en espaces scéniques pouvant accueillir de 50 à 2 000 spectateurs. Mais ce n’est pas tout. Il organise des projections de films, des expositions, des rencontres avec les artistes, des conférences, des manifestations gratuites rassemblant entre 45 000 et 50 000 spectateurs. Le festival réunit plus de 3 500 professionnels du spectacles vivants qui viennent du monde entier pour offrir d’illustres oeuvres théâtrales ouvrant le débat sur les aspects artistiques et politique de leur profession. Le Festival d’Avignon confirme donc aujourd’hui l’importance du Théâtre dans l’activité culturelle, et est d’un point de vue artistique admirablement réussi.

La naissance du Festival d’Avignon

Le Festival d’Avignon est né en 1947 à l’occasion d’une exposition de peinture organisée au Palais des Papes par le collectionneur d’Art Christian Zervos et le poète de L’Isle sur la Sorgue René Char. Jean Vilar se voit proposer l’investigation de la cour d’honneur du Palais des Papes en salle de spectacle. C’est ainsi que sont représentées Richard II de William Shakespeare, Tobie et Sara de Paul Claudel ainsi que La Terrasse de midi de Maurice Clavel. Cette toute première manifestation de théâtre sera d’abord appelée « Une semaine d’Art en Avignon ». Il faudra attendre l’année d’après pour que cette semaine d’art ait un véritable écho dans la pièce. En effet en 1948, on parlera alors de « Festival d’art dramatique en Avignon », et le journal du Dauphiné Libéré titrera le 22 Juillet 1948 : « En ce moment, tous les soirs à Avignon sont de grands soirs ».
Le Festival a rapidement connu son succès grâce notamment aux acteurs composant sa troupe. Citons entre autres Sylvia Montfort, Gérard Philipe, Maria Casares, Georges Wilson. Jean Vilar veut « mettre en place les conditions du partage et de la communion » et donne à voir un théâtre populaire qui porte au devant de la scène les plus grandes oeuvres du répertoire théâtre d’antan et les acteurs les plus illustres de l’époque. Au fil des années, le Festival d’Avignon gagne en importance et en popularité. Chaque édition fait voir le jour à de nouvelles pièces de théâtre ainsi qu’à des concerts et des expositions. Il devient peu à peu l’événement culturel de l’été.

L’essor du Festival D’Avignon

« Le théâtre populaire a vocation à mettre en place les conditions du partage et de la communion. Vilar ne fait pas du théâtre pour faire du thétre, mais pour mettre le public au coeur de l’acte théâtral. » Rodolphe Fouano, rédacteur en chef des Cahiers Jean Vilar

Jean Vilar qui avait été nommé Directeur du Théâtre National de Chaillot en 1951 (qu’il rebaptise par le nom qu’on lui connait aujourd’hui : Théâtre National Populaire TNP), quitte ses fonctions au TNP en 1963 afin de mieux se consacrer à l’activité culturelle du Festival d’Avignon. En effet, d’autres personnalités du théâtre s’affirment en France et le grand rendez-vous culturel de Juillet devient peu à peu une sorte de routine. Jean Vilar en a peur du moins et veut remédier à cela en renouvelant les diverses activités culturelles et artistiques présentées. Ainsi, il invite d’autres metteurs en scène tels que Roger Planchon (George Dandin de Molière, Richard III de Shakespeare, La Baye de Philippe Adrien, en 1966), Jorge Lavelli (Orden de Pierre Bourgeade, en 1969), Antoine Bourseillier (Le Métro Fantôme de LeRoi Jones en 1967). Il transforme également certains espaces en lieux scéniques comme le Cloître des Carmes en 1967 et le Cloître des Célestins en 1968. Il permet l’émergence de nouvelles disciplines artistiques au Festival D’Avignon : la danse à partir de 1966, avec Maurice Béjart son Le Ballet du XXe siècle, le cinéma dès 1967 avec en avant-première mondiale la projection du film La chinoise, de Jean-Luc Godard, dans la Cours d’Honneur du Palais des Papes. Et c’est ainsi une vingtaine de milliers de spectateur supplémentaires.
Cependant, les révoltes étudiantes de mai 1968 vont profondément atteindre le père du Festival d’Avignon ainsi que les acteurs de sa troupe. Le préfet du Gard, Georges Gerbod interdit la représentation de La paillasse aux seins nus de Gérard Gelas à cause de « l’engagement politique de ceux qui devaient la jouer » (cf. Le Dauphiné Libéré). Le Festival et les acteurs qui lui ont permis de voir le jour sont amputés. On lit dans Le Dauphiné Libéré que « ce Festival tronqué demeure un Festival auprès duquel ceux d’il y a vingt ans paraitraient bien pâles ». L’homme qui s’est battu pour la popularité du Festival d’Avignon et qui a donné à celui-ci un intérêt national, celui qui a toujours été ouvert au dialogue avec la jeunesse, se voit écrasé par la critique et en souffre irrémissiblement. Il décède d’une crise cardiaque en 1971.

Après Vilar, les mutations

A compter de 1972, Paul Puaux, instituteur de formation, militant communiste, résistant durant la Seconde Guerre Mondiale et « administrateur permanent » de Jean Vilar en 1966, poursuit l’entreprise du père fondateur avec la volonté de conserver les idéaux, les luttes et les démarches de la décentralisation artistique et culturelle de ce dernier. Cependant, le nom de Jean Vilar reste omniprésent notamment dans la presse. Paul Puaux sera directeur de 1971 à 1979, toutefois il dit lui même qu’ « On ne succède pas à Jean Vilar » Ce dernier est en effet associé au Festival D’Avignon et on lui doit toute son importance, tant sur le plan culturel que sur le plan artistique. Durant l’ère Puaux, apparaissent dans la Cours d’Honneur d’illustres chorégraphes américains tels que Carolyn Carlson, Merce Cunningham et Alvin Ailey. Une importance considérable est donc accordée à la danse.

De 1980 à 2003, Bernard Faivre d’Arcier prend la relève. Il donne au Festival D’Avignon une nouvelle dimension. En effet dans un premier temps il fait des trois clés du Festival un accessoire et non plus un symbole comme elles avaient pu l’être autrefois. Quelques années plus tard il les fait disparaitre totalement. Dans un second temps, il fait du Festival un des pôles européens du théâtre et permet de décrocher d’importantes subventions du Ministère de la Culture. Toutefois le Festival continue continue son ouverture à l’international et l’accueil de nombreuse personnalités du monde artistique, françaises ou étrangères. Des mises en scène plus audacieuses voient le jour comme celle du Roi Lear de Daniel Mesguich. Des paris sur des spectacles de dimensions hors norme sont faits, notamment, Le Mahâbhârata, présenté par Peter Brook à la carrière de Boulbon qui permet une plongée de neuf heures dans la mythologie hindoue, preuve que le Festival s’ouvre à l’étranger; mais également la représentation du Soulier de Satin de Paul Claudel dans une mise en scène d’Antoine Vitez plongeant les spectateurs dans l’Espagne de la Renaissance.

Cependant en 2003, suite aux protestations des intermittents du spectacles contre le projet de réforme de leur statut, les quelques 750 spectacles à l’affiche sont annulés, créant ainsi une atmosphère de trouble dans la ville d’Avignon et des retombées économiques liées à l’absence des habituels festivaliers.

A suivre…

 

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