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Qui était Suzanne Lenglen qui donne son nom à un court de tennis ?

Alors que le tournoi de Roland-Garros débute, plusieurs joueurs et joueuses de tennis s’apprêtent à fouler le célèbre court Suzanne-Lenglen, deuxième plus grand court du grand Chelem parisien après Philippe-Chartrier. Une occasion de revenir sur le parcours de cette femme pionnière dans l’histoire du tennis et du sport au féminin, ayant remporté 19 fois Roland-Garros.

Une enfance tantôt Nord tantôt Sud

Suzanne Lenglen est née le 24 mai 1899 à Paris, au sein d’une famille bourgeoise, aussi bien implantée à Marest-sur-Matz, en Picardie, qu’à Nice sur la Côte d’Azur. Ayant la chance de disposer de tout le matériel nécessaire pour s’entraîner, dont des courts familiaux, elle est poussée par son père à s’investir dans le tennis, un sport qui se développe beaucoup à cette époque, notamment dans le Sud de la France. Ce dernier lui offre ainsi sa première raquette atour de l’âge de 11 ans, début d’un entraînement hors norme pour les jeunes filles de son époque, équivalent à celui de ses confrères masculins, lui permettant de très vite se démarquer au sein de la discipline.

Suzanne est globalement une fille extrêmement sportive, il existe plusieurs clichés de la tenniswoman en devenir à cheval ou en train de tirer à l’arc, même si c’est en effet le tennis vers lequel son cœur se penchera. Cette dernière s’exerçait notamment au tennis grâce à un mur incurvé lui renvoyant les balles de manière ciblée, travaillant ainsi sa précision et son intensité de frappe.

Suzanne Lenglen, une pionnière du professionnalisme

La carrière de Suzanne Lenglen décolle très vite pour cause de son entraînement atypique. Après avoir remporté le titre de championne du monde de tennis sur terre battue en 1914 à St-Cloud, ses victoires s’enchaînent à une vitesse fulgurante et ses adversaire ne cessent de faillir face à sa puissance de jeu, encore inédite chez les femmes. En 1919, Suzanne Lenglen est la première femme non britannique à décrocher le fameux prix de Wimbledon depuis 1884.

Entre 1914 et 1926, la tenniswoman enchaîne les victoires : médailles d’or aux Jeux Olympiques, 12 titres à Wimbledon, première place aux championnats de France… Rien ne semble l’arrêter. En 1926 a lieu un tournant majeur dans sa carrière lors d’un match amical l’opposant à la célèbre Helen Wils à Cannes. L’affrontement opposant deux stars du tennis, ce dernier est très médiatisé et des milliers de spectateurs sont présents pour y assister. Appelé « The Great Match » (Le Grand Match), il se clôture par la victoire de Suzanne Lenglen : une énième preuve de sa supériorité consternante.

Suite à cette victoire face à la seule femme qui pouvait lui rivaliser, Suzanne Lenglen entame sa carrière en tant que professionnelle, et signe un contrat avec son manager afin de réaliser une tournée lucrative lui permettant de devenir riche de sa passion. Cette annonce déplaît fortement à la Fédération Française de Tennis (FFT), dirigée à l’époque par Albet Canet et fervente défenseuse de l’amateurisme à tout prix. Le cas de Suzanne Lenglen, qui souhaite capitaliser sur son sport, pose des questions à la FFT quant aux statuts des joueurs professionnels et à leurs droits, ce qui facilitera la tâche pour bien des femmes après elle.

La Divine au service… de la mode !

Ainsi surnommée, La Divine reste encore aujourd’hui célèbre pour avoir brisé les codes de l’apparence de la femme dans le monde du sport, et bien au-delà. Refusant de porter corset ou porte jarretelle pendant ses matchs – ce qui se faisait à l’époque – Suzanne Lenglen opte par ailleurs pour des jupes plus courtes que celles portées jusque-là, allant généralement jusqu’aux chevilles.

dans un contexte où le modèle de la « garçonne »
se diffuse, son corps incarne les canons de la femme androgyne, émancipée et
sportive

(Castan-Vicente, F. (2016). Suzanne Lenglen et la définition du professionnalisme dans le tennis de l’entre-deux-guerres. Le Mouvement Social)

En effet, vrai phénomène de son époque, Suzanne Lenglen est invitée à de nombreux évènements branchés de Paris, où elle rencontre notamment le couturier Jean Patou, très en vogue à l’époque. C’est de leur collaboration que naît et se popularise la fameuse jupe en soie courte et plissée, aujourd’hui symbole du tennis féminin. Au fil des années, la tenniswoman s’érige ainsi en véritable icône de la mode aux côtés de Jean Patou, avec un style typique des années folles, son bandeau en tulle enroulé autour de ses cheveux ondulés.

Une figure qui inspire encore

Sur le terrain, toujours maquillée, Suzanne Lenglen semblait parfois danser lorsqu’elle jouait au tennis. Ses mouvements grâcieux et délicats contrastaient avec l’intensité à laquelle elle renvoyait chaque balle et procuraient un esthétisme sans pareil au jeu. Influencée par la danse classique, son style est ainsi bien identifiable.

Décédée à 39 ans des suites d’une leucémie particulièrement violente, il était important pour le tennis français de rendre hommage à sa tenniswoman la plus célèbre, et quoi de mieux pour honorer sa carrière que de lui dédier le nom d’un des courts de Roland-Garros ? C’est ce qui a été fait en 1997, 4 ans avant que le court Philippe-Chartrier soit doté de son nom actuel. Les deux courts ont récemment été sources de rénovations, maintenant dotés de toits rétractables. Par ailleurs, le design de ce toit sur le court Suzanne Lenglen a justement été inspiré de sa fameuse jupe plissée, une idée de l’architecte Dominique Perrault.

A lire aussi : Roland-Garros : qui était Philippe Chatrier qui donne son nom au court central ?

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