Harcèlement, sexisme, homophobie… Sur Twitter, les témoignages d’élèves victimes de violences à l’école se multiplient. Des récits pour alerter afin que « les enseignants aient un comportement responsable« .
Les pires souvenirs. Sur Twitter, les hastags #BalanceTonProf et #BalanceTonBahut permettent aux élèves de raconter les violences dont ils ont été victimes à l’école. Les récits relatent les humiliations physiques ou verbales « du quotidien ». « Des petites phrases » qui ont durement atteints les élèves à l’adolescence voire même à l’âge adulte.
« J’ai lancé le hastag en pensant à tous les profs que j’ai connu, et à cause desquels j’ai perdu deux ans de scolarité » explique l’initiateur du mouvement, derrière le compte @Sharnalk. Et d’enchaîner : « Une enseignante que je connaissais pas s’est faite harcelée sur Twitter. J’ai connu les brimades, alors j’ai décidé de réagir moi-même« .
Enseignants et écoles « balancés »
« Les élèves libèrent leur parole, ils en ont besoin » constate Hugo Martinez, qui a lancé l’association « Hugo contre le harcèlement scolaire ». Pour la première fois, enseignants et établissements sont « nommément visés » dans les Tweets. Une forme « de délation » qui a un objectif : démontrer la mécanique du « silence du terrain, des collègues » face au « comportement inapproprié » de certains profs.
Difficultés scolaires, tenues vestimentaires, racisme ou homophobie : les nombreux témoignages font état d’une « très grande variété » dans les violences commises par les enseignants, « quotidiennement« . « Tous n’ont pas conscience des conséquences de leurs gestes et propos au long terme » tempère Hugo Martinez, pointant « un manque de formation« .
Néanmoins, certains faits dénoncés sur la plateforme sont graves. Harcèlement sexuel, attouchements ou viols sont autant d’agressions « pénalement répréhensibles » mais qui ne font pas l’objet de poursuites. Pourquoi ? Souvent, les écoles remettent en cause la véracité des descriptions et « appelle à la prudence » pour « ne pas salir la réputation« .
« Pas un énième prof-bashing », « une foule de blessures scolaires »
Face à l’affluence des témoignages, le syndicat enseignant « Sud Education » appelle à « entendre les blessures scolaires que produit le système, par notre intermédiaire« . Une enseignante de CM2 pense nécessaire de mener « une discussion sur l’éthique professionnelle pour avoir un comportement responsable ».
Aujourd’hui, enseignants et associations de lutte contre le harcèlement réclament « des formations » pour améliorer « penser les gestes individuels et leurs conséquences à l’échelle de l’institution« . A Lyon, l’association Hugo contre le harcèlement scolaire évoque, en ce sens, « des discussions positives avec les rectorats« .